ENFANCE ET SOUFFRANCES

Nous ne pouvons nous taire, nous les enfants presqu’oubliés de ce monde. Nous sommes exposés au mal du siècle. Le mal de la perte de l’enfance voulue. Comment pouvons-nous nous sauver, enfants de ce monde ? Répondez-moi, mes frères et sœurs. Nous ne sommes pas tous menacés mais beaucoup de ces enfants pleurent encore de leurs souffrances :

-          Ces enfants ne l’ont pas choisi mais leur situation les y oblige. Les conflits interethniques les poussent à quitter leur pays natal. Ces enfants ne savent où aller. Péril sans se rendre compte. Quel déracinement !

-          Et ces enfants qui sont sujets aux durs travaux. Ces enfants qui suent sous ce soleil accablant. Le besoin. Quel dur labeur !

Regardez-les mourir de fatigue, de faim. Avec leur misérable revenu, ces parents ne parviennent même pas à nourrir ces enfants. La malnutrition. Seule la pauvreté en est responsable.

-          Et ces millions d’enfants abandonnés ? Pleurer pour leur rendre hommage. Mères du monde, pères du monde, pourquoi tous ces divorces prématurés ? Est-il possible pour ces enfants de vivre normalement dans ces familles monoparentales ? Pourquoi aussi cette difficulté d’avoir des relations entre certains parents divorcés et leurs enfants ?

Il est difficile de vivre sans parents. Pourquoi ce nombre plus élevé de divorces que de mariages ? Qu’ont-ils fait ces enfants nés hors mariage ? Ne les rejetons pas. Ils ne sont pas responsables de ce qui leur est arrivé.

Mes sœurs, mes frères, la jeunesse n’est qu’une étape de la vie, évitons ces grossesses prénuptiales, ces avortements sans causes. Pensons aux conséquences, à l’avenir. Mes chers parents, le foyer, c’est pour les enfants. La rue est pour les passants. Pensons à ces enfants de la rue. Sinon quelle véritable délinquance !

-          Et ces enfants qui ne savent ni compter, ni écrire ni lire. La « déscolarisation ». A quand une jeunesse intellectuelle ? Laissez-les aller à l’école.

-          Et ces enfants qui s’adonnent à l’alcool, à la drogue pour se consoler. Ils ne savent plus quoi faire. Ils commettent des crimes. Ils violent des lois. Ils se retrouvent dans les prisons. Que faire !

-          Et ces enfants qui se servent de la prostitution pour se nourrir, tous ces suicides d’enfants, cette hausse du pourcentage de la mortalité des enfants.

Qu’a-t-il fait le monde des enfants ? Et pourtant l’enfant est la richesse du foyer, du pays. Alors laissez-nous grandir aussi !

Auteur: Adama TRAORE

Paru à l’OPINION (quotidien marocain) N°11654 du 22 juillet 1997